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Témoignage de Jeanne Salem

Témoignage de Jeanne Salem
La doyenne de notre commune, Jeanne Salem, 93 ans, a accepté d’évoquer quelques souvenirs anciens

La vie n’était pas toujours facile… » se plaît-elle à répéter, et pourtant chacun de ses déménagements lui a coûté. Car Jeanne est originaire de la Haute-Lande… « Je suis née près d’Arengosse, dans une métairie – Constantine - appartenant au Comte ; nous étions neuf frères et soeurs. Les plus proches voisins habitaient à trois kilomètres, et comme nous étions à quinze kilomètres du bourg, je ne pouvais pas aller à l’école. Je ne suis allée à l’école que de neuf à onze ans, parce qu’une de mes tantes, qui était garde-barrière, m’a prise chez elle. J’ai pu alors apprendre à lire…

Quand j’ai eu onze ans, elle a dit qu’elle ne pouvait plus me nourrir, et j’ai dû rentrer à la maison. Alors, on m’a fait garder le troupeau de brebis dans la lande…Une gosse derrière un troupeau de brebis, c’est pas très marrant… Le premier jour, je n’étais pas rassurée ; j’ai écouté mon frère qui m’avait conseillé : « Tu n’as qu’à suivre les brebis, elles savent où elles doivent aller, et quand elles ont assez mangé, elles rentrent.. » et comme j’étais pressée de rentrer, je les ai poussées jusqu’au pacage, et une heure après nous étions déjà de retour, mais les brebis n’avaient pas assez mangé, elles voulaient repartir, alors les parents n’étaient pas contents....

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Par la suite, je m’y suis attachée, sur cent brebis, je les connaissais toutes une par une, s’il en avait manqué une, j’aurais su laquelle c’était ! Mais toute seule dans la lande, à cet âge, ce n’était pas évident, et puis j’avais peur du berger voisin, il me criait après dès qu’il m’apercevait…

Quelquefois, il fallait se lever la nuit pour faire naître les agneaux… Et puis se méfier du bélier qui pouvait vous foncer dessus… J’ai fait cela jusqu’à mon mariage,à vingt-et-un ans. Nous nous sommes installés à Sabres. Mon mari travaillait dans la forêt, il faisait des coupes, des éclaircies…. C’est comme ça que je l’ai connu… Comme outils, il n’avait qu’un passe-partout et une hache. Il a eu aussi un attelage de mules pour débarder. J’aimais bien les mules, on les laissait paître en liberté, maintenant , ce ne serait plus possible ! Moi, je travaillais chez les autres, les patronnes n’étaient pas toutes commodes ! J'ai eu quatre enfants. Et puis, en 1961, mon mari a été embauché par la papeterie de Roquefort, alors nous avons décidé de nous rapprocher et nous nous sommes installés à Arue, au Meysouot. La maison ne m’a pas du tout plu au premier abord : je la trouvais trop petite, seulement deux chambres, alors qu’à Sabres nous en avions quatre ! Et pourtant j’y suis encore….

Maintenant, mon plus grand plaisir, c’est de voir les animaux : hier, j’avais six chevreuils sous les chênes, en train de manger les glands… Souvent, ils vont dans l’enclos des poules pour manger du grain… Les bêtes, il faut les soigner ! »Il faut dire que Jeanne habite un airial magnifique, tout proche du bourg. « Autrefois, c’était difficile à entretenir, avec le « dailhot » (petite faux); maintenant mon fils a un tracteurtondeuse. » Jeanne garde de tout son passé un sentiment ambivalent : « La vie n’était pas toujours facile… » , mais chaque période lui a laissé des regrets : « Quand j’ai quitté mes brebis, j’ai pleuré …Je n’aimais pas déménager…. » Nous lui souhaitons de continuer à profiter longtemps de son bel airial , au milieu de ses chers animaux.

Télécharger le témoignage de Jeanne, publié dans le Bulletin Municipal

JEANNE MEMOIRE.pdf 884,84 kB

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